La Tuna trouve son origine chez les premiers étudiants qui firent des études universitaires en Espagne (Universités de Palencia, Salamanca, Valladolid, Lérida, Santiago de Compostela, Murcia). Ces jeunes devaient survivre et se maintenir dans les villes où ils étudiaient avec peu de moyens. Pour y arriver, ils utilisaient leur intelligence, leur habileté et leurs qualités artistiques (héritage des jongleurs et troubadours) et cotoyaient des comiques et des artistes. En effet, ces "sopistas" chantaient pour leur public et recevaient en échange la soupe des couvents. Mais à cause de leurs friponneries, ils finissaient par avoir quelques sérieux démêlés avec la justice (il faut noter qu'ils n'étaient pas, à l'époque, considérés comme des tunos mais comme des étudiants qui "corrían la Tuna", c'est-à-dire qui vagabondaient).
Les étudiants se réunissaient en groupe
lors des vacances pour rentrer chez eux et chantaient sur le chemin du retour,
accompagnés d'acteurs, jusqu'à ce que chacun arrive chez lui. La ressemblance
entre la vie des tunos et celle des chevaliers errants, des jongleurs et des
troubadours du Moyen-Age : pauvres et nomades, poètes et musiciens. Quand les
étudiants chantaient, ils le faisaient souvent sous les balcons et les fenêtres
et ils tendaient leur bicornio pour gagner quelques sous.
En 1836, l'organisation des Séminaires, Universités et Lycées changea : les Universités de Salamanca et d'Alcalá, si célèbres, furent supprimés et le port de l'uniforme étudiant aboli. La Tuna n'est plus alors qu'un souvenir et seuls quelques groupes continuent de jouer et d'interpréter des chansons populaires dans les rues lors du Carnaval. D'autre part, le développement et l'amélioration des communications dans la péninsule, avec notamment l'arrivée du train, facilita les déplacements des étudiants qui ne se réunirent plus désormais pour rentrer à pied vers leur terre natale.
Toutefois, la Tuna ne disparut pas : les groupes de tunos d'aujourd'hui se formèrent à la fin du XIX°siècle pour se rappeler d'anciennes traditions. Ils étaient mieux organisés, se basant essentiellement sur l'aspect musical de leur activité en laissant de côté les us qui leur avaient attiré une mauvaise réputation, mais en préservant les principales qualités de leurs antécédents : étudiants bohèmes, pícaro et galant. Au début, les tunas se formaient par ville ou université. Actuellement, ce sont les étudiants d'une même faculté qui se réunissent : la première Tuna ainsi créée appartenait à la faculté littéraire de Murcie, au début du XX°siècle.